Passeport
Nom : Hallow
Prénom : Ganistew
Âge : 20
Sexualité : … Ne se prononce pas
Nationalité : Anglais
Lieu de naissance : Londres
Lieu de résidence : Calyppe
Situation familiale : Orphelin, élevé par son oncle avec qui il a définitivement coupé les liens après des relations trop houleuses à son goût.
Situation sociale : Célibataire
Classe sociale : Issu d’une classe plutôt aisée. N’a jamais eu à expérimenter des conditions de précarité extrême.
Activité : A suivi des études de médecine non menées à terme bien qu’entreprises assez tôt (16 ans, juste après avoir décroché son bac scientifique avec les félicitations du jury). Il semble posséder des talents innés pour toutes manipulations nécessitant bistouris, scalpels et autres instruments de torture. Ayant une très large préférence pour la pratique plutôt que pour la théorie, il a saisi l’opportunité qu’on lui offrait de terminer sa formation en commençant à exercer en tant qu’assistant-remplaçant-homme-à-tout-faire-surtout-les-tâches-les-plus-ingrates à l’hôpital de La Conception à Calyppe.
Reflet associé : None
Nom véritable : Callisto (une nymphe aux ascendants divins paraît-il ; étroitement lié à la notion de calice, autrement dit un réceptacle dont la nature du contenu reste mystérieuse. Maléfique ? Divin ? Peut-être même n’y a-t-il pas de contenu du tout…)
Je veux tout savoir de vous !
I. Description physique Allure : Mesurant 1m65 pour 50 kilos, il compense sa petitesse en prenant autant que faire se peut des attitudes courroucées et ce en toutes circonstances (que ce soit quand on lui présente une compote en guise de dessert pour remplacer un flan prévu ou bien pour obtenir d’un subordonné une faveur… dont la nature ne sera pas citée). Plutôt frêle de constitution, il n’en garde pas moins un certain charme et son aspect androgyne lui a, selon ses dires, été d’une grande utilité pour se faire une place dans la société depuis sa naissance.
N’ayant pas pour habitude de s’exposer durant de longues heures au soleil, son teint est plutôt pâle si bien qu’on peine à le différencier des malades au sein de l’hôpital. Autant dire que s’il ne passe pas inaperçu pour les gens « normaux », au sein des dégénérés il trouve parfaitement sa place et se fond dans la masse.
Bien sûr ce pourrait constituer pour lui une perte de crédibilité fatale mais ses compétences étant socialement reconnues, il a pu conserver jusqu’ici son statut sans trop de difficultés.
Cheveux : Ondulés et bruns, ses cheveux sont entre le court et le mi-long et sont (extrêmement) soyeux, un peu comme des poils de chat persan ; le genre de chose dans laquelle on a envie d’enfouir la tête et les mains au risque de se faire griffer au sang. Un des buts dans la vie de Ganistew est que ses cheveux soient assez longs pour toucher son dos, afin qu’il puisse sentir leur douceur ineffable contre sa peau (mais il n’a aucun problème de mégalomanie).
Bien que cela puisse paraître paradoxal, il fait partie de ces gens qui passent de l’état couché à debout sans passer par la case « salle-de-bains-miroir-à-quoi-donc-vais-je-ressembler-aujourd’hui ». Mais ses cheveux étant d’un naturel plutôt rebelle, le degré de leur fréquence de rencontre avec un peigne n’a pas d’incidence sur l’aspect de l’ensemble.
Yeux : Ses yeux sont bruns aux reflets dorés. Son regard est un de ceux qui semblent percer à vue, qui dérangent sans que l’on puisse mettre des mots sur cette sensation. Comme une impression d’être vu dans ce que l’on est réellement au-delà du masque de l’apparence. Cela peut être également très plaisant dans un cadre plus intime.
Ganistew s’obstine à se mettre du crayon noir aux contours des yeux bien que cela ne fasse qu’accentuer la profondeur de ses cernes qu’il doit à son travail éreintant et ses activités nocturnes inavouées.
Style vestimentaire : Il aime porter tout ce qui de près ou de loin ressemble à un objet métallique (oui oui les aimants aussi, où, c’est un mystère). En dehors de ça il adopte la plupart du temps un look jean-basket hormis dans le cadre de son travail où il consent à revêtir une blouse et à parer ses extrémités de choses en plastique qu’on appelle des gants. Bien qu’il ait essayé maintes et maintes fois d’avancer l’argument de l’accroissement de la pollution planétaire et que donc par conséquent les trucs jetables, c’est pas bien, on lui rétorque que si un éminent médecin a instauré des règles d’hygiène, ce n’est pas pour qu’un avorton prématuré dans son genre vienne tout remettre en question. Que voulez-vous répondre à de pareils esprits étriqués ? Les notions d’esthétisme leur sont totalement étrangères (la survie du patient, quelle importance ?).
II. Description psychologique En général : Jeune homme réservé, il n’en est pas timide pour autant et son introversion s’apparente plus à un manque de considération quasi total pour ses semblables plutôt qu’à une quelconque crainte du relationnel. Cet état de fait n’est cependant pas irréversible et si un homme trouve le moyen d’ouvrir le cœur de Ganistew, il sera assuré de toujours y trouver une place. Mais un tel individu aura alors la présence d’esprit de bien faire la différence entre une émotion véritable et un simple jeu de manipulation soigneusement calculé.
Car si Stew peut se laisser attendrir par une attitude, celui qui le décevra d’une façon ou d’une autre se verra appliquer une sentence sans appel. Et tant que sa blessure n’aura pas été complètement suturée, il continuera à la triturer frénétiquement, entretenant ainsi le mal et retardant d’autant plus la guérison.
Qualités : Franc, il n’aime pas perdre son temps et préfère traduire directement ses pensées en paroles plutôt que de les ruminer pendant un temps interminable, quitte à sauter des étapes dans le cadre d’une relation amoureuse et à aller directement au but.
Intelligent, cette qualité peut vite se transformer en défaut quand il en profite pour se jouer de ses pairs. Son intelligence s’apparente à une lucidité sur la vie, ce qui est en général assez préjudiciable sur son humeur globale.
Son esprit de synthèse impressionne toujours le peuple. Il n’est pas du genre à analyser chaque minuscule détail d’une situation mais plutôt à l’envisager dans son ensemble et surtout (!) il s’attarde plus à chercher la solution qu’à s’interroger sur le pourquoi du problème. Jusque-là cela s’est toujours montré d’une grande efficacité dans ses entreprises donc il ne voit pas de raison particulière de changer de mode de comportement.
Défauts : … Encore une fois il est franc. Disons que renvoyer directement dans la gueule des gens ce qu’on pense d’eux peut finir par être préjudiciable malgré toute la bonne volonté du monde. Mais ce trait de personnalité constitue plus un défaut pour les autres que pour Ganistew (puisque jusqu’à présent il n’a pas eu le déshonneur de se voir remercié de ses services par son mentor malgré les relations plus que conflictuelles entretenues avec celui-ci).
Narcissique au possible, il est certain de son charme et ne manque pas une occasion d’en profiter quand cela sert ses intérêts. Conséquence ou caractéristique corrélée, l’attachement reste pour lui quelque chose d’assez illogique et inenvisageable. Mais il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas (cette phrase est un peu hors contexte mais contient certainement un semblant de vérité >_<).
Il est resté plutôt petit malgré l’ingurgitation tout au long de son adolescence de soupes, de graines germées et autres absurdités alimentaires censées avoir les vertus de vous rendre beau, grand et fort, ce qui pour lui n’a semble-t-il pas fonctionné à son plus grand dam. C’est probablement une tare relative mais Ganistew chérissant par-dessus tout le fait qu’on le prenne au sérieux, sa constitution physique ne lui facilite pas la tâche.
Il aime : Il éprouve une attirance inexpliquée pour le métal et tout ce qui s’en approche, la ferraille, les barreaux de lit, les bijoux en argent et également le goût du sang (surtout le sien).
Les chats lui inspirent beaucoup de respect. Leur indépendance, le dédain qu’ils affichent quasiment en permanence. Et surtout la façon qu’ils ont de vous regarder qui vous font vous sentir comme le dernier des idiots… Il se sent très proche d’eux, comme d’un alter ego.
Il aime la façon dont, selon le moment, la musique (non pas le métal !) peut générer des sentiments complètement opposés en lui. Il apprécie également l’art abstrait.
Il n'aime pas : Les épinards (la proximité perceptive avec le vomi sans doute…) et puis pour rester dans ce domaine, les graines germées, tout ce qui contient un tant soit peu de légumes, les laitages et également la pastèque (à quoi bon manger quelque chose qui n’a pas de goût ?).
Il a horreur des hommes qui veulent le dominer, le motif de cette aversion étant assez évident. Il déteste avoir des supérieurs au travail aussi bien qu’en privé et il a vite fait de leur rendre la vie impossible.
Il a une sainte horreur de ces êtres horribles qu'on désigne sous le doux nom d'enfants. Il souffre d’un tel écœurement en leur présence qu’il se demande s’il en a jamais été un. Cela lui paraît peu probable car en toute logique, ne pouvant supporter la présence continuelle d’un enfant dont il n’aurait pu se débarrasser hormis pendant le sommeil, il se serait sans doute vu dans l’obligation de mettre précocement fin à ses jours.
Biographie
Histoire : Blanc. Blanc aux reflets nacrés. Mes yeux s’ouvrent sur une étendue blanche surmontée de patchworks de couleurs éclatantes, aveuglantes. Je ne pouvais alors pas mettre de mots dessus mais le rouge était présent, très présent, trop présent. Tout à mon nouvel état, brusquement soumis au milieu aérien après neuf longs mois à baigner dans le liquide amniotique, je ne m’apercevais pas que la personne qui m’avait donné la vie, celle avec qui j’aurais pu développer un lien d’attachement extrêmement fort… cette personne était en train de se vider de son sang. Hémorragie interne avaient dit les médecins. Surmontée d’une attaque cérébrale. Une vie donnée pour une vie reprise. Pauvre Nathaniel… on ne t’aura donc rien épargné au cours de ta brève existence. Méprisé par ton auguste paternel dont les derniers mots que tu lui avais entendu dire alors que tu venais d’avoir tes 16 ans t’avaient laissé un goût bien amer.
- Un peintre chez les Hallow ! Mais es-tu seulement en mesure de concevoir l’opprobre qui s’abattrait sur nous si cela venait à se savoir ? Crois-tu vraiment que je puisse léguer mes biens et ma fortune à un saltimbanque ? Hors de ma vue fils ingrat ! Sans doute l’art et la noblesse ne font pas bon ménage du même côté de la barrière, même au XXe siècle. Peut-être t’aurait-on encensé si tu avais choisi la voie de la politique ou à la limite de l’oisiveté mais l’art ! Non décidément, hors de question, faire son métier d’une activité non lucrative pour un noble, c’est l’hôpital qui se fout de la charité (« Gilbert un autre Schnaps mon petit »).
Mais les remontrances te laissaient de marbre, les critiques glissaient sur ta peau et venaient alimenter ta palette de couleurs, sentiments que tu t’empressais de jeter sur la toile, riant de tes représentations. Ici, ton père aux prises avec un énorme dollar lui réclamant son âme ; là ta mère exposant deux rangées de dents en diamant derrière lesquelles se cache la puanteur du spectre de la corruption. Lui, il aimait tes peintures, elles le faisaient rire, il soulignait la délicatesse des traits dessinés et les comparaient à la courbe de tes hanches. Sa voix chantait à ton oreille, il te parlait d’amour, tu lui répondais de douceur, il te parlait de famille, tu lui répondais de temps, il était tout pour toi, tu pouvais contempler ta beauté dans ses yeux.
- Et comme nous serions bien tous les trois, imagine ! Ton père t’attendant sur le pas de la porte et accueillant son petit-fils les bras grands ouverts, toi totalement pardonné de tous tes écarts passés et moi, spectateur de cette merveilleuse réunion de famille. Je peux te rendre ta vie, l’amour de tes proches, leur estime. N’est-ce pas ce que tu désires ? Tu ne sais pas le pouvoir réconciliateur d’un enfant… Tu avais fini par céder, aux bords des larmes bien souvent, doutant de la vie vers laquelle tu t’étais tourné, une vie de misère… Lui disait être sans famille, il clamait s’être fait tout seul et ses poches étaient toujours remplies de monnaie sonnante et trébuchante même si le plus clair de son temps consistait à rester auprès de toi, à te regarder créer. Tu avais fini par céder, à t’abandonner aux susurrements de ton amant et quelques mois plus tard, ton ventre commença à grossir. Cette grossesse engendrait chez toi des sentiments mitigés tandis que lui semblait dégouliner de bonheur. Il se faisait de plus en plus insistant auprès de toi pour rendre visite à l’homme qui te considérait comme un déchet de l’humanité : ton père. Manipulé par des fils invisibles, tu te traînas aux pieds du comte Hallow et lui présentait l’homme de ta vie, ce dernier ayant manifestement décidé que sa main droite était désormais scellée à ton ventre qu’il ne cessait de tripoter ostensiblement. Et que croyez-vous qu’Osiris aurait ressenti si son fils Horus avait été fécondé de la semence de Seth ? Sans doute quelque chose d’approchant à ce que ressentit ton père lorsqu’il s’attarda sur les traits du jeune homme séduisant qui t’accompagnait.
- Et qui crois-tu tromper en te présentant dans ma demeure, Adras, suppôt de Satan ?, rugit le comte dont la voix était devenue haletante.
- Archibald, je suis ravi de vous revoir. Voyez-vous, il y a de cela pas plus de 3 jours, mon père et moi-même nous entretenions à votre sujet en des termes peu révérencieux, je l’admets.- Petit…- Evitons les termes qui fâchent cher ami. Ton regard passait frénétiquement de ton père à ton amant et finit par se poser sur ton ventre dans lequel reposait le fruit d’un amour défendu, moi.
Laissons cela aux petites gens. Dites-moi plutôt, la saveur de la honte qui doit en ce moment emplir votre bouche est-elle à votre goût ?- Hors d’ici vous deux… fulmina Archibald, les yeux injectés de sang.
- Que se passe-t-il ? avais-tu hasardé d’une petite voix.
Adras… De quoi est-ce que vous parlez ?L’interpellé se décida à détacher son regard du comte vieillissant et esquissa un sourire sardonique vers toi.
- Tu aurais dû écouter ton père, mon chéri. La politique et les relations sociales, c’est très intéressant. On a très vite fait de ruiner la réputation de toute une lignée aristocratique.De ce que tu avais compris, Adras n’était autre que le fils d’un homme important qui n’était pas vraiment dans les petits papiers de ton père. Les deux hommes se vouaient une lutte implacable et ce serait à qui démolirait l’autre. Loin de lui les nobles intentions des héros de « Roméo et Juliette », il s’était dit que souiller le sang pur de toute une lignée en y introduisant la semence de sa progéniture serait un bon moyen pour passer devant son adversaire auprès du gratin et autres bouchées à la reine de la société.
Réduit au silence à l’aide d’un chèque affichant de nombreux zéros, Adras choisit de s’évanouir dans la nature, allant ainsi à l’encontre de la volonté paternelle.
Effondré, il était trop tard pour toi pour recourir à la médecine et te débarrasser de moi, petite boule de chair qui te rappelait sans cesse à ta condition pitoyable. Heureusement, on ne t’a pas fait attendre longtemps et quelques mois plus tard tu décédais en couche, me libérant de ma prison de chair et par le même coup t’évadant de la prison morale que tu t’étais construite.
Sa constitution fragile, mon père me l’avait transmise et chaque pas que je faisais ne constituait pas pour moi une preuve de mon existence mais simplement un instant de plus sur cette terre, qui me rapprochait un peu plus de mon extinction prochaine. C’en est presque drôle. Le fait de perdre un parent à l’orée de ma vie avait été pour moi une raison de plus pour lutter pour survivre. Et surtout ne pas perdre de temps. Trouver un sens, vite, à tout ça. Qu’avais-je donc pu faire de répréhensible dans une vie antérieure pour qu’on m’afflige d’un destin aussi noir ?
Après la mort de Nathaniel, son frère Ferencz, mon oncle, se proposa pour prendre soin de moi, avec un peu trop d’entrain pour que cela soit désintéressé. Les premières années de ma vie se passèrent sans trop d’encombres même si Ferencz semblait déployer tous les efforts possibles pour m’empêcher de me lier avec des garçons de mon âge, chose qu’il était déjà difficile de réaliser pour moi, étant d’une nature peu loquace et introvertie. Au fur et à mesure que je grandissais, je prenais de plus en plus conscience que l’homme qui m’avait élevé était loin d’être un individu prévenant et attentionné. Ce que je prenais pour des marques d’affection n’étaient rien d’autre que des actions parfaitement orchestrées, un moyen d’entretenir ma dépendance à son égard pour, à la fin, me posséder. Si bien que j’arrivais à l’âge de 10 ans complètement ignorant des choses de la vie et de l’amour. Je savais à peine nouer mes lacets et la logique sous-tendant les horaires de mes prises médicamenteuses restaient pour moi un mystère inaccessible. A cet instant j’éprouvais encore pour celui qui allait être mon bourreau une affection bien qu’elle fût mêlée de crainte. Sans doute une partie de moi qui essayait de me prévenir de la suite des événements. Mais comment voulez-vous qu’un enfant de 10 ans, un enfant qui n’a qu’une personne sur laquelle s’appuyer et qu’il se trouve que c’est justement cette personne qui menace de le faire s’écrouler ; comment aurais-je pu changer quelque chose ?
Un soir, je rentrais de l’école et Ferencz m’attendait comme à son habitude, assis à la table, le couvert dressé, un sourire un peu trop éclatant affiché sur son visage. J’avais eu un entretien avec mon professeur au sujet de mes études. Bien que n’étant encore qu’en primaire, au vu de mes capacités nettement au-dessus de la normale, l’instituteur avait cru bon de se pencher attentivement avec mon accord sur ce que serait la suite de ma formation. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu’il avait déposé ma candidature dans un pensionnat peuplé exclusivement d’élèves surdoués. L’enseignement était adapté à leurs capacités hors du commun et les professeurs avaient à cet effet suivi une formation spéciale les préparant à entrer en relation avec leurs élèves, leur apprenant la psychologie des enfants précoces, leur mode d’interaction avec le monde et la façon de les amener à appréhender la réalité (entre autres choses). Les professeurs apprenaient à s’adapter au rythme et aux demandes des enfants tout en ne perdant cependant pas de vue le programme scolaire censé amener les chers petits bambins jusqu’à l’âge adulte sans trop d’encombres et visant avant tout à les faire s’insérer dans la société (point trop de fantaisie s’en faut).
En cette matinée de printemps, mon enseignant m’informa donc que mon dossier arrivait en tête sur la liste d’attente et que mon tuteur n’avait qu’un mot à dire pour que je puisse avoir l’insigne privilège de rejoindre les bancs de cette école.
La journée ayant été donc particulièrement bonne je m’apprêtais à en faire part à Ferencz quand il me devança :
- Ton professeur m’a téléphoné aujourd’hui. Il n’est pas question que tu ailles dans cette école.Le souffle coupé, je sentais les larmes me monter aux yeux à une telle nouvelle mais je m’empressais de les ravaler pour ne pas lui afficher l’étendue de ma faiblesse et demandait du ton le plus nonchalant que je pus trouver la raison d’une telle opposition. Il invoqua des raisons superflues telles que la distance, le coût (alors qu’il avait de l’argent à foison, car contrairement à son frère Nathaniel, lui avait embrassé des chemins bien moins obscurs et avait préféré se cantonner à des activités politico-financières, bénéficiant par-là de la bénédiction paternelle et surtout, surtout de la fortune familiale), mon jeune âge… Autant de raisons futiles à mes yeux, qui cachaient une sombre motivation.
Le soir, ce même jour, Ferencz vint me trouver dans ma chambre. J’avais pleuré de longues heures, à son insu croyais-je, et mes yeux étaient gonflés de larmes, mes draps trempés de ce liquide salé. Il s’approcha de moi et me caressa la joue. Un toucher qui me fit horreur, un sentiment de dégoût m’envahit à ce contact froid, cette peau moite contre la mienne. Je sentais l’odeur de la sueur et mes muscles se contractèrent. Immobile, je ne pouvais plus bouger.
- C’est pour ton bien, Stew ; tout ce que je veux c’est le meilleur pour toi.Il passa une main dans mes cheveux puis descendit le long de mon buste, plus bas, toujours plus bas, déboutonnant lentement les boutons de ma chemise au passage, son attention restant fixée sur une partie de mon anatomie que j’aurais préféré garder à l’abri des regards…
- Nous n’avons besoin de personne d’autre. Toi et moi ensemble… unis par un secret, par un lien particulier… Je pouvais sentir son souffle sur ma nuque, sa bouche effleurer ma peau, provoquant des frissons d’horreur. Il pressa sa main contre mon dos, ce qui me fit relever brusquement les yeux. Il s’avança et m’embrassa, sa bouche paraissant vouloir m’engloutir tout entier. Il maintint ma tête d’une poigne ferme, tenant de l’autre main mes bras encore chétifs, empêchant par là mes mouvements de recul. Sa langue pénétra à l’intérieur de ma bouche, le mélange de nos deux salives me provoquant des remontées gastriques proches du vomissement. Il n’en continua pas moins son jeu pervers et posa ses mains sur mon dos pour me faire basculer en arrière, m’allongea sur le lit tout en continuant de m’embrasser, sa bouche descendant sur mon menton, mon cou…
Je vis dans un rêve, un rêve où ton fantôme m’accompagne…A partir de ce jour nos rapports devinrent froids. Les sourires se firent complètement inexistants sous le domicile familial et chaque fois que Ferencz le pouvait, il trouvait le moyen de me rabaisser, de me dominer, de me montrer à quel point j’étais faible et dépendant de lui. Ma tentative de m’affranchir de son autorité avait été vécue par lui comme une rébellion intolérable.
Il continua à me rendre visite dans ma chambre et il me posséda à maintes reprises physiquement. Je sentais son emprise se refermer sur moi peu à peu et ma volonté propre disparaître sous le joug de cet homme à qui je vouais une admiration sans faille mais totalement dénuée de respect.
Mon attitude de plus en plus renfermée ne manqua pas d’attirer l’attention et mon grand-père Archibald finit par arracher des aveux à son cher fils. Estimant plus que tout ses compétences et le considérant comme irremplaçable au sein de l’entreprise familiale, il choisit de m’éradiquer de sa vie, moi qui décidément n’avait causé que des ennuis à cette famille que la vertu n’étouffait pas. Evitant une fois de plus que le déshonneur ne s’abatte sur le clan Hallow, il choisit de puiser dans la caisse et de m’offrir cette place dans l’école que je convoitais tant, croyant s’acheter par là mon silence et, cerise sur le gâteau, toute ma gratitude.
Et tandis que les couleurs se déguisent en printemps ma honte me prive de toute pureté…Les années avaient passé comme on dit et j’avais réussi à atteindre l’âge de 19 ans, en étant le premier surpris. Après avoir obtenu mon diplôme de fin d’études avec les honneurs, j’avais entamé une formation en médecine que je payais en me faisant entretenir par tous ceux qui voulaient bien de moi. Mon pigeon du moment était un fils de bonne famille qui suivait lui-même des études de droit, poursuivant par-là la route tracée par papa, grand-papa et d’autres avant eux sur plusieurs générations. Il s’appelait Host, 17 ans, surdoué tout comme moi, à son grand dam. Un jeune homme délicieux, élancé, aux cheveux blond cendré, avec qui je partageais ma passion pour le métal (et il est bon de préciser que je ne parle pas du genre musical). Son frère aîné (le vil) tenant une boutique de piercings et tatouages faisant fureur à Calyppe, il avait senti très jeune une envie irrépressible de recouvrir son corps de chaînes et de piercings, le peu d’espace de peau restant ayant été envahi de tatouages, à l’exception du cou.
J’aimais énormément son cou. J’aimais passer du temps à le contempler, à suivre de l’index les contours des formes kabbalistiques représentées sur son corps … ou de la langue. Je crois qu’il avait de l’affection pour moi aussi, du moins suffisamment pour me laisser faire de lui mon jouet quand il m’en prenait l’envie, sans jamais me demander la réciproque. Sans doute savait-il que je ne le supporterais pas.
C’était lui qui m’avait parlé de ce poste à pourvoir dans la ville même où vivait son frère. Sans doute était-ce un moyen pour lui de me garder plus près de son cœur, Calyppe créant un lien entre moi et sa famille. Pure folie. Il s’agissait d’une formation professionnalisante, entre le stage et l’entrée dans le monde du travail. Ma liberté de mouvement serait encore très réduite pour les deux ou trois prochaines années mais par la suite mon mentor relâcherait la bride jusqu’à ma titularisation, ce que je ne pourrais m’empêcher d’attendre avec impatience. Encore un moyen d’enchaîner la chèvre en lui montrant plus loin la belle étendue d’herbe verte qui l’attend. Mais qu’importe. Je préférais de loin pouvoir mettre en pratique ne serait-ce qu’infimement les connaissances assénées pendant ces trois années que de devoir moisir encore cinq ans dans cette école à attendre la bave aux lèvres qu’on veuille bien me laisser mettre la main sur un cadavre décrépi.
A l’hôpital « La conception » à Calyppe, m’avait-il dit. Conception… bien sûr je serai capable d’exercer le métier d’accoucheur. Mais par ce biais, ne pourrais-je pas accoucher de moi-même ? Donner la vie… pourrais-je endurer une telle réalité alors que j’avais échoué à maintenir vivants ceux qui étaient chers à mes yeux ?
Peut-être ne le pouvais-je pas, mais il me fallait essayer.
Quête du Contrat : Chercher une réalité, ma réalité.
Qui se cache derrière l'écran ?
Pseudonyme : Delmin
Par quel biais avez-vous découvert le forum ? Sur un top site. Il n’était pas mal placé d’ailleurs <_<
Qu'en pensez-vous ? Le style « ici vous pouvez réaliser ce que vous voulez » m’a poussée à m’inscrire. Parce que, et c’est ma conviction profonde, c’est la fonction première de l’écriture que de s’inventer une autre vie, c’est un moyen de fuir aussi.
De la musique où ça ? Ô_o Le design ben c’est rose quoi… mais c’est rose parme ça aurait pu être pire… rose bonbon !
Votre présence sera : Irrégulière sans doute, à mon plus grand désespoir et avec toutes les plates excuses que cela implique.
Quel est le code ? Y a bon